02. Toute vérité est-elle bonne à faire découvrir ? (Vitani)

Toute vérité est-elle bonne à faire découvrir ?

Iago - Vitani

Debout dans un coin de son salon (ou, plus précisément, ce qui lui tenait lieu de salon dans son appartement de seconde zone), Iago passait en revue sa check-list des préparatifs de la soirée à venir et cherchait à chaque fois le détail en question du regard avant de passer au suivant. "Pop-corn ? C'est bon. Chips ? Posé sur la table basse. Film ? Vérifié et déjà dans le lecteur. Télévision ? Opérationnel." Énuméra-t-il. "Quoi d'autres ? Hum. Bière ? Non, gardons l'alcool pour plus tard, si la nouvelle est trop dure pour être supporter à jeun. Soda ? Dans le frigo. Bien. Je pense que j'ai tout." Ce bilan effectué, il poussa un soupir et osa se détendre. Il n'était pas nerveux à proprement parler, il voulait simplement que tout soit parfait.

Ce soir, il comptait bien s’acquitter de sa dette. Et pour de bon, cette fois ! Attention, il était reconnaissant envers Vitani de l'avoir sauvé d'une situation où il avait bien failli y laisser des plumes (du moins, cela aurait été le cas s'il en avait eu encore, des plumes, utiliser ce genre d'expression était un vieux réflexe qu'il avait encore du mal à corriger). Qu'on ne lui fasse pas dire ce qu'il n'avait pas dit. C'était le côté remboursement de dettes qui lui mettait sa patience à rude épreuve. Il avait fait quelques tentatives de "retour d'ascenseur" en guise de dédommagement mais rien ne semblait être assez bien pour effacer totalement son ardoise. Plus les jours passaient et plus Iago avait l'impression qu'il allait traîner cette dette comme un gigantesque boulet attaché à sa cheville pour le reste de sa vie ! Une perspective qui ne l'enchantait guère, même s'il avait appris à apprécier l'ancienne lionne à qui il en devait une. Personne n'aimait devoir un service à quelqu'un. Personne !

À force de réfléchir au meilleur moyen de s'enlever cette épine du pied, l'animateur radio avait fini par trouver une idée. Sa sauveuse semblait ignorer les événements du bal, de ce Monsieur Fate et de la vérité les concernant. Quoi de mieux que la vérité, aussi abracadabrantesque qu'elle pouvait être, pour effacer définitivement une ardoise ? Depuis que lui-même avait appris cette nouvelle (enfin, plutôt, depuis qu'il avait digéré cette information qui était assez difficile à avaler), Iago se faisait régulièrement des marathons de tous les films qui étaient estampillés Disney. Il avait donc cherché qui pouvait être sa sauveuse et avait fini par trouver une dénommée Vitani dans le film le Roi Lion 2. Était-ce vraiment la même personne qui l'avait tirée des griffes de cette racaille ? ça, il allait vite le savoir.

Sans attendre, il avait mis son plan en branle : inviter la demoiselle dans ce qui ne devait être qu'une innocente soirée détente devant un film... Alors qu'en réalité, il allait lui faire regarder le fameux film et guetter sa réaction pour voir s'il avait raison ou non concernant la véritable identité de l'ancienne lionne. Certains verraient ce plan comme un piège... Un piège sournois est peut-être un brin machiavélique. Le fait qu'il avait laissé plané le mystère sur le film auprès de sa future invitée, cacher la pochette du DVD et déjà mis le film dans le lecteur afin de bénéficier d'une surprise totale au moment d'appuyer sur le bouton play jouait certainement pour cette vision de la situation. Alors que ce n'était absolument pas le cas ! En tout cas, lui, bien sûr, ne voyait pas les choses ainsi. S'il avait vu juste, il rendrait un immense service à la demoiselle en lui apprenant la vérité. En plus, il prenait des risques dans cette histoire ! C'était le genre d'idée quitte ou double parce qu'il ignorait la réaction de Vitani face à cette nouvelle.

Il avait donné rendez-vous chez lui pour 19 h, histoire d'avoir une marge avant de partir pour son propre travail d'animateur radio nocturne. Ainsi, si la situation traînait dans une longueur ingérable ou prenait une tournure fâcheuse, il pourrait sortir la carte du : désolé, je dois partir au travail, et s'enfuir aussi sec. Lâche ? Peut-être. Prévoyant, surtout.

Bref. À force de ressasser ce genre de pensées tordues, l'horloge tournait et l'heure H avait sonné. Iago ouvrit presque immédiatement la porte, dès les premiers coups annonçant l'arrivée de son invitée. À croire qu'il avait poireauté derrière pour être certain de l'ouvrir directement... Ce qu'il démentirait fermement si on lui en faisait la remarque. Il n'était pas désespéré à ce point, tout de même ! "Salut Vitani !" S'exclama-t-il avec un grand sourire. Les personnes le connaissant suffisamment pouvaient reconnaître dans ce sourire celui qu'il adressait aux autres lorsqu'il espérait obtenir quelque chose d'eux. "Ponctuel. J'adore. Je te prie, entre." L'ancien perroquet se décala en ouvrant un peu plus la porte de son appartement pour laisser Vitani entrer. "Je dirais bien de faire comme chez toi, mais, je sais combien ce genre de remarque peut se retourner contre soi." Plaisanta-t-il, à moitié seulement. "Alors, je dirais plutôt, installes-toi confortable. Tu veux déjà boire quelque chose ?" On aurait dit que Iago tentait de gagner le titre du meilleur hôte, lui qui d'ordinaire ne se souciait que de son propre bien-être. C'était louche.

Are we really so different ?

Un silence de mort régnait dans le petit salon de l'appartement délabré. Aucun bruit, aussi minime qu'il ne soit, mis à part celle de l'aiguille des secondes de l'horloge accrochée au mur, retentissant au même rythme que la balle rebondissante venant cogner en dessous de celle-ci, puis sur le sol avant d’atterrir de nouveau dans la main de Vitani. La voilà après une bonne douche froide qu'elle se retrouva dos avachi sur son canapé, un air de lassitude se dessinant sur son visage, se divertissant uniquement avec le jouet de son chat en attendant l'heure du rendez-vous. Elle ne savait pas trop si c'était de l'ennui, ou alors juste le fait qu'elle était encore tellement perdue qu'elle ne savait plus quoi faire. Elle misait tout sur l'ennui. Au moins "chez elle" il se passait toujours quelque chose dans le royaume. Elle sauvait des animaux avec l'aide de sa Garde, mais ici.. Ici la seule chose qui restait encore excitante était parfois d'apercevoir à travers la fenêtre des humains se chercher les noises jusqu'à parfois finir en bagarre. Cela avait le mérite d'être drôle, de les voir se frapper avec leurs petits poings. Quelle chance elle eut lorsqu'elle put elle-même tester le courage de ces types. Voilà la raison de son attente, elle était trop serviable.

Quelle étrange semaine quand même. La promesse que Vitani s'était faite le jour de son réveil, c'est-à-dire de ne pas se faire remarquer le temps de savoir ce qui lui était arrivé, venait de se faire briser en à peine quelques jours, et ceci à cause de son chat. Le manque de communication se faisait ressentir entre ces deux-là, mais elle commençait à aimer son compagnon félin. C'est juste que, jamais elle n'aurait pensé que sa première sortie serait pour le retrouver, lui qui devait penser que ce serait marrant de la faire courir un peu. Tout ça pour résulter à sa rencontre avec un drôle de voisin, Iago. Si elle avait sût que lui sauver la vie face à cette bande de crétins, sans oublier de mettre une raclée à leur chef, reviendrait à ce qu'il vienne la harceler chaque jour pour payer sa dette, peut-être aurait-elle dû y réfléchir à deux fois ? Mais d'un autre côté, elle admirait son geste, rare sont les personnes comme lui, même s'il en faisait un peu trop. C'est pourquoi au bout de trois jours elle commença à s'amuser avec ce gars, en lui faisant surenchérir sa dette. Ceci pouvait paraître cruel, mais voir ses réactions lors de ses refus ainsi que sa façon de rebondir à chaque fois lui plaisait beaucoup. Elle ne pouvait pas se mentir à elle-même, elle avait fini par apprécier Iago et son caractère parfois irritable.

Ce soir celui-ci avait décidé de l'inviter pour une soirée film à son appartement, afin de se rattraper une bonne fois pour toute. Elle ignore pourquoi, mais pour cette fois-ci Vitani n'avait pas refusé son offre. Sûrement avait-elle une once de pitié en fin de compte ? Toujours couché sur son canapé, jouant avec la balle, elle sentit Kopa se poser sur son torse avant de s'allonger, la regardant droit dans les yeux. Elle ne manqua pas de lever un sourcil en le fixant. "Quoi ?" Elle jeta un coup d’œil à l'horloge, bientôt 19 h. "Tu as raison, ça va être l'heure." annonça-t-elle en se relevant difficilement tout en se craquant les os. Elle posa le chat au sol et quitta le confort du meuble avant de se diriger vers sa chambre afin de se changer. En ouvrant l'armoire pour choisir quoi porter elle se souvint de ce livre qu'elle avait commencé à lire, une sorte d'histoire d'amour mielleuse bonne pour les petites lionnes. Dans cette histoire la jeune femme s'était faite invitée par ce garçon, et elle s'était habillé comme une princesse pour l'occasion. Heureusement, Vitani n'était pas ce genre de personne trop féminin, préférant laisser ça pour d'autres. Elle eut une montée de dégoût pendant un instant et attrapa seulement des vêtements basiques pour s'habiller. Passant ensuite dans la salle de bain, elle ne perdit pas plus de temps sur ses cheveux en les secouants avec ses mains, laissant quelques parties ébouriffées.

Enfin prête, elle caressa le chat avant de rejoindre l'entrée. "Souhaite moi bonne chance." Elle lui leva son pouce en l'air en souriant, en signe que tout se passerait bien, avant de finalement sortir pour descendre à l'appartement de Iago. Arrivée devant chez lui, elle sentit comme une pincée de stress en elle ne sachant pas trop pourquoi, après tout c'est lui qui l'a invité, non ? Elle eut à peine le temps de frapper que la porte s'ouvrit brusquement, dévoilant le jeune homme l’accueillant avec un grand sourire. Est-ce que c'est elle ou il avait l'air plus que ravit de lui ouvrir la porte ? Vitani croisa les bras, un petit sourire narquois aux lèvres. "Bonsoir Iago. À ce que je vois tu m'attendais." Toujours avec le sourire en coin, elle roula vite des yeux sur sa remarque concernant sa ponctualité, et rentra chez lui sous son invitation. "Pourquoi je sens que tu ne dois pas être le genre de personne à recevoir beaucoup d'invités ?" ricana-t-elle en arrivant dans le salon. Elle commença à observer un peu son lieu de vie. On dirait bien qu'elle n'était pas la seule à avoir des soucis de logement. "Jolie l'appartement ! Je t'envie un peu quand même, le mien tombe complètement en ruine." Elle resta pour l'instant debout, toujours les bras croisés, tout en regardant un peu la décoration, puis tourna la tête vers Iago quand il lui proposa à boire. "Si tu as quelque chose de sucrée, je suis preneuse." Pendant l'exploration de son propre appartement, elle avait goûté aux boissons gazeuse de son frigo. Une très bonne découverte en soi. Son regard fut attiré sur la table basse, où étaient posées les chips, mais aussi vers les pop-corns et.. avait-il fait le ménage avant son arrivée ? C'était propre, beaucoup trop propre.

"Tu sais, tu n'étais pas obligé de te donner tant de mal que ça pour la présentation. Je ne pense pas être une invitée de marque à ce que je sache." lui lança-t-elle sur un ton blagueur, avant de se laissé tomber sur le canapé. "J'espère que tout ce boulot ce n'est pas pour m'annoncer que tu t'es encore mis dans le pétrin avec ces types, et que je dois évidemment te sortir de là !" Non sincèrement, elle l'espère.

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Toute vérité est-elle bonne à faire découvrir ?

Iago - Vitani

Iago avait fait son maximum pour qu'il se dégage une bonne ambiance de la future soirée. Il savait que ce qu'il allait faire découvrir à son invitée allait être l'équivalent d'allumer puis de lâcher une bombe dans une conversation. Connaissant les compétences de Vitani en matière de violence et ne tenant pas vraiment à en faire l'expérience, il tenait énormément à laisser planer le message : si la nouvelle te choque, ne t'en prends pas au messager, pitié. Il espérait avoir réussi. Et si jamais il avait échoué, il lui restait l'excuse de devoir vite filer au travail.

Bien sûr, lorsque Iago se montrait aussi intentionné, ce n'était jamais innocent. Derrière son sourire se cachaient souvent des intentions beaucoup moins louables. Dans ce cas-ci, il s'agissait de régler enfin une dette qu'il n'avait que trop tardé à rembourser. Les dettes avaient cette fâcheuse tendance à s'accumuler et il ne voulait pas que cela se reproduise dans cette nouvelle vie. Face au sourire narquois de son invitée, le sien se teinta d'ironie. "T'imagine pas des trucs, je passais comme par hasard devant la porte à ce moment-là." Mentit-il dans une tentative de noyer le poisson, histoire de ne pas avoir l'air d'être un gars désespéré. Eurk, manquerait plus qu'elle s'imagine qu'il avait les cent pas devant la porte en l'attendant ! Bon, c'était ce qu'il avait fait, mais... elle n'avait pas à le savoir ! Et puis, au fond de lui, il s'accrochait à son mensonge du "j'étais par hasard devant la porte". C'était un bon bobard.

L'ennui avec le naturel, c'est qu'il ne tardait jamais à revenir au triple galop. Cela se sentait dans la manière dont Iago avait invité Vitani à entrer. Une manière de dire qu'elle était la bienvenue mais qu'elle ne devait pas prendre trop ses aises non plus. "Vu notre magnifique quartier, je préfère squatter chez les autres qu'être celui chez qui on vient squatter." Répondit-il avec un haussement d'épaules, nullement gêné de se qualifier lui-même de squatteur. "Sinon, j'imagine déjà à quoi ressembleraient l'ambiance. Je leur dirais : bonsoir, installez-vous, ne faites pas attention aux coups de feu qu'on entend dehors, c'est comme ça qu'on souhaite la bienvenue dans le quartier." Plaisanta-t-il en exagérant à mort comme à son habitude. Il rit de sa propre plaisanterie en conduisant son invitée dans le salon.

"En fait, l'astuce c'est de camoufler les fissures derrière des posters et les meubles." Plaisanta-t-il avec un clin d'oeil complice, comme s'il venait de donner un tuyau en or à son interlocutrice. Iago retrouva temporairement son rôle de parfait hôte en demandant à Vitani si elle voulait à boire quelque chose. "Quelque chose de sucrée, ça marche." Répéta-t-il avant de se diriger vers le frigo. Rapidement, il se saisit de deux canettes de soda bien frais avant de revenir vers le salon. Il avait été au plus vite parce qu'il n'aimait pas l'idée d'avoir une invitée sans surveillance en train de potentiellement fouillé partout. Et il pensait cela car LUI entrait complètement dans cette catégorie, ne ratant jamais une occasion de fouiller un peu pour débusquer quelques informations croustillantes sur le propriétaire des lieux dès qu'on le laissait seul quelque part. C'était aussi pour cette raison qu'il préférait être l'invité plutôt que l'hôte. Il revint suffisamment vite pour entendre la remarque sur ses préparatifs.

"Mes excuses, madame, mais, je crains d'avoir oublié la bouteille de champagne dans la seconde limousine, alors, j'espère que ce modeste soda pourra vous contenter." Plaisanta-t-il en tendant une des canettes. Pour sa tirade, il avait imité un accent snobe exagéré qu'il avait entendu dans une série. À force de balancer ses sarcasmes, il en avait oublié toute nervosité qui lui avait quasiment tordu les entrailles durant ses préparatifs. Du moins, il avait réussi à oublier avant de regarder ces fameux préparatifs étalés sur la table et de se rappeler le but caché de toute cette mise en scène... Et que Vitani lui fit comprendre qu'elle avait clairement senti qu'il y avait anguille sous roche dans sa proposition.

Face à la théorie de l'ancienne lionne, Iago ignorait s'il devait en rire ou d'être soulagé de ne pas avoir été totalement grillé dans sa véritable intention. Comme d'habitude, l'ancien perroquet se réfugia dans l'humour. "Quoi ? Moi ? Me mettre dans le pétrin ? Pfff, comme si c'était mon genre !" Sur ces mots, il ouvrit sa propre canette et but une gorgée de soda. "Ok, tu m'as eu. J'avoue tout. Je t'ai fait venir dans un but précis." Il marqua une fausse pause dramatique avant de finalement s'installer lourdement dans le canapé au côté de son invité. "Voir si mon canapé pouvait supporter le poids de deux personnes en même temps ! Tu sais, au cas où je me déciderais à arrêter d'être un profiteur asocial et que je voulais invité du monde ici." Il s'installa un peu plus confortable avant de se raidir et de feindre de tendre l'oreille. "Attends, ça a grincé non ?" Il sourit malicieusement devant son trait d'humour, avant de perdre ce sourire pour trouver une mine sérieuse qui ne lui allait pas du tout. "Non, sérieusement. Ce n'est pas pour te supplier une nouvelle fois de me sauver la vie que je t'ai invitée." Il retrouva bien vite son sourire taquin. "Même si je sais, qu'au fond, tu as adoré me voir te supplier et que tu rêverais que je recommence." Sur ce commentaire, il se saisit de la télécommande. En temps normal, il aurait enchaîné taquinerie sur taquinerie, mais, dans la situation actuelle, l'esprit rhétorique d'Iago était monopolisé dans une nouvelle tentative de noyer le poisson. "Alors ? On se le regarde ce film ?" Il n'osa ajouter un 'ou bien' parce qu'il y avait beaucoup trop de manière de terminer cette phrase si jamais il osait le faire.

Are we really so different ?

Vitani ne savait pas réellement quoi penser de son hôte. Soit elle avait sauvé le type le plus sympathique de tout le quartier, soit il jouait un jeu avec elle. Comment pouvait-elle penser ça ? Sa manière de se comporter avec elle. N'importe quel idiot pouvait bien remarquer une pointe de stress dans ses gestes, surtout sur sa façon d'enchaîner une blague sur une autre. En se comportant ainsi, Iago lui rappela énormément Nuka, quand celui-ci avait fait une très grosse bêtise et qu'il devait en parler à leur mère. Il tentait toujours d’attendrir l'atmosphère avec de l'humour avant de dire la vérité. Probablement pour éviter une sanction beaucoup plus grande. Cette brève pensée traversa l'esprit de la jeune lionne, mais peut-être devait elle juste se faire des idées. Pourquoi Iago aurait-il quelque chose à se faire pardonner ? Elle ne le connaissait que depuis une semaine, et la seule chose qui aurait pu se faire voir comme répréhensible fut sa façon de se montrer collant envers elle concernant sa dette, mais elle ne lui en voulait pas pour ça. Elle devrait sûrement arrêter de se remuer tout ça dans son esprit, car cela tenait presque de la paranoïa ! C'est ça ! C'était juste une dette qu'il souhaitait mettre à terme, rien d'autre. De plus, elle-même se sentait un peu stressée par la situation, c'était la première fois que Vitani passait vraiment un moment avec un humain, elle qui avait l'habitude de les éviter depuis le début de ce cauchemar.

Assise confortablement dans le canapé d'Iago, attendant l'arrivée de sa boisson, elle décida malgré tout de garder cette hypothèse en mémoire, juste au cas où. Elle se remémora ce qu'il lui avait dit il y a quelques minutes, concernant le fait de squatter chez les autres. Vitani ne pouvait que lui donner du crédit sur ses propos. Il était vrai que l'endroit choisit pour son repère n'était pas des plus accueillants. Cette partie de la ville ne pouvait pas se passer d'un jour sans qu'on entende les bruits assourdissants des sirènes de la police, ou alors des coups de feu avec des armes comme celle qu'elle cachait sous son canapé. Probablement l'une des pires choses qu'elle avait découvertes sur les humains depuis son arrivée. Si on leur retirait leurs joujoux, qu'est-ce qu'ils deviendraient ? Probablement des proies sans défenses. En y repensant, ce quartier lui rappela étrangement la Terre Interdite.. Le genre d'endroit désolé où se réunissaient tous les animaux hors-la-loi ou même juste des parasites, non pas qu'elle se considérait comme la deuxième option. Peut-être qu'ici certaines choses n'étaient pas si différentes de chez elle finalement. À croire que la personne ou la chose responsable de son sort l'avait envoyé ici spécialement pour faire la blague. Cela ne la faisait absolument pas rire dans ce cas.

Tout ça pour dire qu'Iago avait raison. Vitani elle-même préférerait s'inviter chez d'autres personnes plutôt que leur présenter son appartement. Pas seulement parce qu’elle serait gênée de montrer à ses invités dans quel genre de lieu où elle vivait, non ça elle n'en avait absolument pas honte. C'était surtout qu'elle n'avait jamais vraiment apprécié d'avoir de la compagnie, et ceci depuis bien longtemps, c'était une solitaire. Que ce soit en tant qu'exilée ou bien sur la Terre des Lions, elle n'était pas du genre à sociabiliser avec les autres lionnes, sauf celles membres de sa Garde. Pourquoi atterrir dans un endroit aussi étrange que celui-ci lui ferait changer sa vision des choses ? Certes, Iago par exemple, peut-être qu'elle le qualifierait de.. sympathique ? Et même si elle fut venue uniquement pour sa dette, à tout moment elle pourrait très bien claquer la porte et rentrer chez elle, sûrement à cause du malaise de la situation. Après tout, ce n'était qu'une première pour elle. Elle se demanda tout de même si Iago serait le même genre de personne, en tout cas il y avait des similitudes. En jetant de nouveau un coup d’œil à son salon, elle comprit très vite le conseil de son hôte. Vitani pouvait percevoir ce qui ressemblait à des craquements derrière certains meubles. C'était une astuce plutôt avisée, elle ferait sans doute pareille en rentrant chez elle. "Je comprends ce que tu veux dire d'un certain côté. Je n'aimerai pas qu'on envahisse mon territoire. Façon de parler. De toute façon, je ne suis pas du genre à idolâtrer le concept d'avoir obligatoirement des amis, trouver l'amour, vivre sa petite vie comme tout le monde." Elle eut un bref souvenir de la chanson Hakuna Matata, chanté par ces deux rigolos. Elle serra des dents à l'idée de s'en servir comme exemple. "Qu'est-ce que je déteste cette phrase.." Se murmura-t-elle à elle-même. "Je préfère vivre ma propre vie sans soucis, tel que ça me chante."

À peine elle eut fini sa phrase que le jeune homme se ramena avec deux sodas à la main. Vitani attrapa une des deux canettes et l'ouvrit pour en boire une gorgée. Elle adorait cette sensation que lui procurait ce genre de boisson. Ces picotements descendant dans la gorge. Ça lui changea bien de l'eau de rivière ou du lac en tout cas. Manquant de s'étouffer en entendant Iago imiter le snobe, elle le fixa dans les yeux, n'oubliant pas d'hausser un sourcil. Elle prit une posture presque royale, imitant Kiara et ses amies quand elles jouaient un peu trop les princesses. "Mon cher monsieur, je ne peux que vous pardonner de cette erreur insignifiante. Permettez-moi de vous dire que ce soda est exquis !" Vitani prit une pose en terminant sa phrase, levant son soda en l'air et mettant l'autre main sur son torse. Elle décida très de s'arrêter, ne souhaitant pas trop s’embarrasser plus que ça. Ce genre de niaiseries ce n'était pas son truc. Elle poussa un petit rire dissimulé sur le fait qu'il ne se met jamais dans le pétrin. Depuis leur rencontre, ce n'était pas ce qu'il lui avait prouvé. "Oui assurément. Je suis sûre que tu n'es absolument pas du genre à t'attirer les ennuis. Regarde-toi ! L'ami du peuple en personne. On devrait peut-être aussi inviter nos amis de la rue à venir partager cette soirée." annonça-t-elle sur un ton frôlant la blague et le sérieux. Évidemment, tout comme Iago sûrement, elle espérait ne pas revoir les gars auxquels elle avait tiré son hôte des pattes. Elle se souvint que leur chef l'avait soi-disant reconnu, l'ayant décrite comme une ancienne membre de leur groupe, mais pourtant Vitani n'avait aucun souvenir de tout ça. Elle y réfléchirait plus tard.

Elle sentit le poids d'Iago s'ajouter sur le canapé. Encore une fois, il lui faisait des blagues. Peut-être que son raisonnement n'était pas aussi stupide que ça. Jouant le jeu avec lui, elle fit mine d'écouter les bruits du meuble, avant de le reprendre sur son délire. "Tu sais quoi ? Il me semble avoir entendu un petit grincement sous le fauteuil. Désolé mon vieux, mais tu vas devoir rester asocial pour le reste de ta vie." Elle lui tapota sur l'épaule donnant un air dramatique. Une chose qu'elle pouvait accorder à ce type, c'est qu'il ne s'arrêtait jamais dans l'humour, à se demander ce que ça donnerait de le voir réellement sérieux pour une fois. "Dommage.. C'est vrai que c'était plutôt marrant de te voir tout paniqué en me demandant mon aide." Elle fit mine d'être déçue, puis lui rendit son sourire taquin. "Tu me connais déjà si bien. Ne t'attends quand même pas à ce que je vienne à chaque fois non plus." En vérité, elle ne pense pas qu'elle pourrait supporter de devoir lui sauver la vie régulièrement. C'était peut-être son job en tant que porteuse de la Marque, mais désormais elle avait plus important en tête que ce genre de problème.

Vitani s'enfonça un peu plus dans le canapé lorsque Iago lui proposa de commencer le film. Il avait quand même l'air bien pressé de le lancer, peut-être qu'il ne voulait pas perdre plus de temps avec elle, ou alors il était juste excité de lancer le film, elle s'en fichait un peu. Pour sa part, elle avait justement passé ses derniers jours devant la télévision de son salon. Un objet plutôt extraordinaire, mieux que les livres en tout cas. Elle avait pu observer plusieurs histoires dans cette petite boîte magique. Pourquoi est-ce qu'ils n'avaient pas ça sur la Terre des Lions ? Elle devrait peut-être le noter quelque part. Pour le moment, le soda à la main, elle attrapa une chips pour la grignoter, attendant qu'il allume l'écran. "Qu'est-ce que tu nous as pris ? De l'horreur ? Un film d'action ? Si tu me sors une comédie romantique je risque de m'énerver." Vitani ne pouvait pas cacher son excitation dans sa voix, mais c'était toujours intéressant pour elle de découvrir de nouvelles choses sur ce monde.

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Iago - Vitani

Le temps d'aller chercher les boissons, l'ancien perroquet fut pris d'une envie soudaine de renoncer à son plan, de changer vite le dvd dans le lecteur et de passer simplement une bonne soirée. Iago essayait d'être cool et d'avoir l'air détendu, sans vraiment y parvenir. Il savait qu'on s'en prenait toujours au messager dans ce genre de situation. Il le savait pour avoir été souvent (trop souvent) le messager porteur de nouvelle affolante. Sa crainte de vivre une fois de plus cette situation se trahissait par une profusion de blague pour détendre l'atmosphère. Ce qui devait le rendre d'autant plus suspect. Il le savait, mais, il ne pouvait pas s'en empêcher. Raison de plus pour changer de plan tant qu'il le pouvait encore, non ? Il se ressaisit. Non, il n'allait pas changer ses plans ! Il en avait plus que marre de se trimbaler cette dette comme un boulet. Traîner une dette pendant une semaine, c'était la traîner six jours de trop ! Il fallait régler ça avant qu'il se retrouve à demander un autre service puis un autre et ainsi de suite jusqu'à ce que cette petite dette de sauvetage de peau ne se transforme en un noeud de service impossible à défaire. Plus sournoisement, il pensa aussi que rien que pour voir la tête de Vitani, le jeu en valait la chandelle. Plus égoïstement, il se disait qu'il n'avait croisé personne d'autre qui semblait être un ancien animal comme lui et du fait que ça serait agréable d'avoir quelqu'un à qui il pourrait ouvertement parler de la bizarrerie humaine. Iago était, dans le fond, un faux solitaire qui avait besoin d'au moins une paire d'oreilles attentive pour écouter ses complaintes sans fin.

L'avantage d'un appartement aussi pourri que le sien, c'est que la finesse des murs permettaient de tenir une conversation peu importe où on bougeait. Il suffisait d'élevé un peu la voix. Bon, quand cela concernait entendre parfaitement la vie des voisins, ce n'était pas toujours un avantage, mais, dans le cas présent, ça en était un. Iago sourit en entendant Vitani parler de territoire puis de se rattraper en disant qu'il s'agissait d'une façon de parler. "Oui, je vois ce que tu veux dire, chacun à sa façon de parler de son petit nid douillet." Dit-il sur le ton de celui qui faisait une blague faisant appel à une référence obscure qu'il était le seul à comprendre. Pour l'instant. "Amen !" S'exclama-t-il en rapportant les boissons face aux paroles pleines de bon sens de sa visiteuse. "Franchement, pourquoi choisir d'avoir l'amour, des amis et une vie simple, alors qu'on pourrait choisir d'être égoïste, solitaire et vivre, je ne sais pas, moi, dans le plus grand manoir de toute la ville !" Déclara-t-il en insistant particulièrement sur le dernier point. Il avait vraiment hâte de recevoir un message de ce mystérieux monsieur Fate rien que pour pouvoir dégager du pire coin de la ville. N'avait-il pas promis une récompense pour tous ceux qui suivrait docilement les ordres ? Iago était à un stade où il accepterait n'importe quoi pour un peu de luxe. Cela dit, ce n'était pas vraiment "un stade" puisqu'il avait été ainsi durant toute sa vie de perroquet.

Mine de rien, Iago venait de livrer un de ces rares moments de sincérité. Autant dire qu'il ne fallut pas longtemps avant de retomber dans ses travers habituels. Bien sûr, l'animateur radio attendit le moment précis où Vitani commença à boire son soda pour faire son imitation d'aristo guindé, juste pour la faire avalée de travers. Faire des blagues aux dépens des autres était quasiment une seconde nature chez lui, même envers les personnes qu'il trouvait sympathiques comme l'ancienne lionne. Il souriait alors que Vitani rentrait dans son jeu. "Je remercie sa majesté, pour son indulgence." Continua-t-il avec son imitation de snob en exécutant une révérence trop maniérée pour être crédible. Ensuite, il rit pour mettre fin à cette petite comédie et but à son tour une gorgée de sa canette.

Bien sûr, à force d'en faire des tonnes, il éveilla les soupçons de son invitée. Iago essaya de noyer le poisson en sortant bobard sur bobard. Un autre de ses vieux réflexes lorsqu'il se sentait dos au mur. Devant la réaction de son interlocutrice, il feinta de ses draper dans son indignation. "Ce n'est pas moi qui attire les ennuis, ce sont les ennuis qui sont attirés par moi. Je marche tranquillement, en m'occupant de mes affaires et Bam, les ennuis me tombent dessus." Déclara-t-il. Il aurait pu citer un certain malfrat en disant qu'on a des ennuis que si on se fait prendre, mais, malheureusement, il avait tendance à se faire prendre un peu trop souvent pour que la réplique soit pertinente. Il préférait largement se poser en victime des circonstances. Il n'arrêta son manège que lorsque Vitani proposa d'inviter les "amis de la rue" à partager cette soirée. "Non. Merci." Commenta-t-il, détachant bien chaque mot sur un ton catégorique, avant de retrouver ses réflexes humoristiques. "Quoi tu as peur de rester seule avec moi que tu tiens absolument à mettre une armée de voyous entre nous ?"

Après un autre trait d'humour, Iago s'installa dans le canapé. Celui-ci n'était pas ce qu'on pouvait appeler de "prime jeunesse" comme à peu près tout ce qui composait cet appartement, mais, il espérait tout de même qu'il soit suffisamment costaud pour supporter le poids de deux personnes. Alors, quand Vitani parla d'un grincement, il ne put s'empêcher de tomber dans son propre piège. "Non, sérieux ?" Avant de soupirer. "Ah ah, très drôle." ironisa-t-il tandis que Vitani lui tapotait l'épaule. "Je pense que j'arriverais à vivre avec ce terrible destin." Ajouta-t-il, en hochant solennellement la tête face à la dernière remarque de son interlocutrice. Il gardait tout son stock de sérieux pour l'après séance. Son instinct lui disait qu'il allait en avoir grand besoin. En attendant, il restait toujours dans son optique de noyer le poisson. "Zut, je vais devoir résilier mon abonnement chez coup fourré et passage à tabac." Ironisa-t-il alors que Vitani lui assurait qu'il ne devait pas s'attendre à la voir débarquer à chaque problème. Il claque des doigts avec une grimace, l'air de dire qu'il venait de renoncer à une affaire en or. "Ne t'inquiète pas, je ne comptais pas t'appeler à l'aide au moindre pépin." Mentit-il. En réalité, il espérait plus ou moins cela et cela constituait la raison numéro deux pour laquelle il voulait restait en bon terme avec l'ancienne lionne. "Après tout, j'ai réussi à survivre jusqu'à notre rencontre, je devrais pouvoir continuer."

Conscient qu'il n'allait pas pouvoir continuer de jouer la carte de l'humour éternellement, Iago lança de manière un peu trop abrupte qu'il était grand temps de commencer à regarder le film. Il se saisit de la télécommande. L'ancien perroquet s'était fait un devoir de maîtriser au plus vite tout l'aspect technologie de sa nouvelle vie. La télévision était certainement son nouvel atout préféré, cette boîte magique constituait une source inépuisable pour ses imitations mais également sa première source d'information pour repérer qui était quoi ici. C'était cette seconde utilité qui l'intéressait pour l'instant. Il avait vraiment tout prévu. Enfin, tout jusqu'à un certain point. Pas de pochette de DVD visible, il avait déjà lancé le film et maintenu sur pause pour que le menu n'en dévoile pas le titre trop tôt. Tout ce qu'il avait à faire, c'était allumer la télévision, appuyer sur play et... prier ? Il n'était pas croyant, mais, là, d'un coup, il serait prêt à se convertir à n'importe laquelle des religions pouvant lui assurer que tout allait bien se passer. La main sur la télécommande, il stoppa son geste tandis que Vitani posa des questions concernant le film. "Pfff, une comédie romantique, non, mais, tu m'as bien regardé ? Tu crois que c'est mon genre ? Non, ce n'est pas ça. Il y a... un peu de tout, de l'action, des trahisons..." Il fit une grimace. "Un peu d'amour oui parce que malheureusement, ça fait partie des cases à cocher dans tous les films, mais rien qui n'est pas passable en accélérer. Et de l'horreur, aussi." Sans en dire plus, il alluma la télévision, puis appuya sur play.

Les lettres rouges 'Walt Disney présents" apparurent lentement sur un fond noir. Iago essayait de s'installer le plus confortablement possible. "C'est une suite, j'espère que ça ne te dérange pas ? En même temps, le premier film est tellement culte que... pas besoin de le voir avant." Précisa-t-il précipitamment. Les premières notes de la chanson "il vit en toi" commencèrent à se lancer tandis que le fond noir fit place à un spectacle de vie ordinaire dans la savane africaine sous fond de soleil levant. Iago prit une poignée de chips qu'il mangea lentement, se forçant à afficher une attitude détendue. Il ne pouvait s'empêcher de lancer périodiquement un coup d'oeil à sa voisine. Discrètement, bien sûr, du coin de l'oeil. Il se demandait quand elle allait "percuter" et redoutait presque autant qu'il fût curieux de découvrir comment elle allait réagir.

Are we really so different ?

Elle essayait de ne pas le montrer devant son hôte, afin de ne pas le vexer, mais Vitani se sentait un peu mal à l'aise dans cette situation. Ce n'était pas Iago qui la rendait comme ça, mais il faut dire qu'elle n'avait jamais eu l'habitude du passer du bon temps avec qui que ce soit, hormis sa Garde et ses deux frères, et encore, avec eux le "bon temps" signifiait se battre et s'entraîner. Aussi lointain qu'elle se souvienne, elle n'avait jamais pris le temps de s'arrêter et de souffler un peu, comme prendre des vacances. Quand ce n'était plus pour préparer le plan de vengeance de Zira, c'était désormais devoir protéger la terre des lions coûte que coûte en menant la garde. Jamais elle n'avait décidé de prendre du temps pour elle, mais elle ne s'en plaignait pas. C'était sa façon de vivre depuis toujours, et ça resterait sûrement ainsi. Une lionne solitaire, voilà ce que Vitani avait toujours représenté. Toujours seule pour prendre soin d'elle et de sa famille, la charité des autres elle n'en voulait pas. Avant d'arriver à Los Angeles, elle s'était souvent demandé ce que ça ferait d'avoir une vie normale, comme se trouver un compagnon, avoir des lionceaux, être une mère. Elle ne savait vraiment pas dans le fond si c'était sa nature qui l'empêchait ça, ou bien sa peur de devenir comme Zira. Dans cette ville, si elle ne perdait pas de temps à essayer de s’adapter à la vie humaine alors elle aurait déjà commencé les recherches pour retourner sur la terre des lions, voire même tenté de trouver la ou le responsable pour lui faire payer, et qu'il la ramène chez elle.

Encore une fois, derrière tout ça, elle n'aurait à aucun moment profité d'un peu de repos. Voilà pourquoi elle se sentait mal à l'aise à cette petite soirée avec Iago, car elle n'était pas dans son élément. Peut-être pensait-elle aussi de ne pas le mériter, comme pour se punir de toutes ses actions passées. Malgré que tout le monde l'ait fait, Vitani ne s'était toujours pas pardonnée de sa loyauté envers sa mère pour venger Scar, et peut-être qu'elle ne le ferait jamais. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était continué à se rattraper autant qu'elle le devait. Elle ne savait pas trop de quel œil voir Iago. D'un côté elle voyait un jeune homme plutôt blagueur et peureux, peut-être un poil égocentrique, mais en écoutant sa façon de penser depuis sa cuisine, il lui rappela qui elle était juste avant de rejoindre le clan de Simba. Ces deux-là n'étaient peut-être pas si différents. Dans sa vie d’exilée Vitani aurait dit exactement la même chose que lui, tout en remplaçant son grand manoir par la terre des lions, et encore aujourd'hui ces mots avaient du sens pour elle. "Je vois exactement ce que tu veux dire.." lui répondit-elle à voix basse, en ayant presque un air triste. C'est ce qu'elle avait toujours rêvé, hormis venger son père. Ses pensées furent vite oubliées quand les boissons arrivèrent.

Elle ne manqua pas de s'étouffer avec sa boisson lorsque Iago imita l’aristocrate. Son hôte jouait toujours sur l'humour, et il n'avait pas l'air décidé de s'arrêter. Ce qui était vraiment curieux pour Vitani, c'est qu'avant Iago, à part Kovu et Nuka, aucun autre garçon ne l'avait fait autant rire et réussit à la faire rentrer dans son jeu. C'était étrange, surtout qu'elle le connaissait à peine, mais ce n'était pas désagréable. Elle jouait souvent la comédie sur la terre des lions en compagnie des autres lionnes, afin qu'elles ne la voit pas plus comme une "coincée" qu'elle ne l'était déjà, mais pour une fois son rire fut sincère avec son hôte. Évidemment, elle avait toujours des doutes sur son entière sincérité, et le fait qu'il continua à enchaîner blague sur blague confirma un peu plus ses suspicions. Tout en restant sur ses gardes, elle continua d'être quand même contente intérieurement qu'il parvient à lui faire oublier ses problèmes. Sa façon de jouer la noblesse eut aussi le succès de faire réagir Iago, qui la reprit en reprenant son imitation pour la remercier, en mimant une courte révérence. Même si elle trouvait ça amusant, Vitani souhaita tout de même stopper le sketch, et rigola en même temps que le jeune homme pour passer à autre chose, prenant la peine de boire une gorgée de son soda à la même intervalle que lui.

Lorsqu'il commença à lui parler des ennuis lui tombant dessus, Vitani eut presque du mal à ne pas le croire. D'après ce qu'elle apprit le jour de son sauvetage, il travaillait en tant qu'animateur radio. Elle n'avait pas trop compris en quoi cela consistait, mis à part cracher son venin sur d'autres personnes, mais elle savait que cela ressemblait à un métier plutôt dangereux. Elle l'avait déjà sauvé une première fois, mais combien d'autres incidents s'étaient produit le concernant ? Et combien d'autres dans le futur ? De toute façon elle n'y pouvait pas y faire grand-chose, c'était sa vie, et s'il souhaitait mourir ainsi alors soit. Quoique non, elle ne devrait pas penser à un truc pareil. "Pfff, ouais c'est ça, tu es un vrai chat noir tu vas me dire. Tous tes ennuis arrivent par malchance." blagua-t-elle. Elle aussi était plutôt une chercheuse d'ennuis autrefois, mais c'était surtout la bagarre qu'elle cherchait. Une époque où se battre était son activité favorite. Elle rigola à la réaction d'Iago au fait d'inviter le groupe qui l'avait agressé, le genre de rire qu'elle faisait lorsque Nuka passait pour un idiot, mais ce n'était pas méchant. Elle aussi espérait de ne plus les revoir, mais surtout pour leur bien, car elle ne voudrait pas les amocher encore plus. À sa dernière remarque, Vitani s'approcha un peu de lui, le fixant dans les yeux avec un regard plein de malice, le sourire en coin. "Moi ? Avoir peur de rester seule avec toi ? Je devrai plutôt te retourner la question. L'armée de voyous c'est seulement pour un peu d'ambiance." lui lança-t-elle sur le ton de l’amusement, lui faisant au passage un petit clin d’œil.

Quand Vitani lui demanda la véritable raison de son invitation, car tout ceci se trouvait être assez gros pour une simple dette remboursée, elle ne savait pas pourquoi, mais elle s'attendait à ce que son hôte utilise une autre pirouette pour éviter sa question. Elle fut assez satisfaite quand elle réussit à piéger Iago dans son propre jeu, le regardant se retourner pour vérifier si le fauteuil ne grinçait pas vraiment. Alors qu'il se rendit compte de la supercherie, elle ne put s'empêcher de lui faire de nouveau son fameux sourire. "J'en suis sûr." lui répondit-elle simplement à son affirmation de pouvoir vivre seul. La conversation se poursuivant, elle se rendit très vite compte d'une pointe de déception lorsqu'il lui confirma qu'il ne l'appellerait pas à chaque problème. Se pourrait-il qu'il voulût réellement qu'elle devienne sa garde du corps personnelle ? Non pas que ça la dérangerait de remettre à sa place d'autres types du quartier, mais elle avait des choses bien plus importantes en tête en ce moment. "Yep tu as survécu, même si ça a l'air de tenir du miracle ! Ensuite si tu tiens à rester en vie encore quelques années, je pourrai peut-être t'apprendre deux-trois trucs à l'avenir.." Encore une fois elle ne sut pas pourquoi, mais elle espéra qu'il dise oui. Le revoir pour l'entraîner bien sûr, enfin elle croit..

Vitani s'installa confortablement dans le canapé de son hôte, soda à la main, en attendant que celui-ci lance son film. Elle ne s'était pas encore trop familiarisé avec tous ces objets humains. Au moins ça la télévision elle connaissait maintenant, la fameuse boîte à image qui était très utilise pour réussir à s'adapter à ce nouveau monde, peut-être bien plus que les livres qu'elle avait trouvés. Quand ce n'était pas pour la recherche d'informations c'était pour son propre divertissement. Parfois elle tombait sur des émissions d'horreur ou bien des sports de combat, ça l'amusait de voir à quel point les humains pouvaient être aussi imaginatifs. Elle haussa les épaules lorsque Iago lui décrit à peu près ce qu'ils allaient regarder. "Quand on te regarde bien, on peut t’enfiler un joli costume et tu pourrais commencer à chanter ton amour dans une série musicale !" Tout comme elle avait déjà vu dans sa propre télévision. C'était assez ennuyant maintenant qu'elle s'en rappelle. "Je suppose qu'on peut bien supporter deux ou trois scènes de gnangnantisme pour profiter du reste du film." Il alluma la télévision pour le lancer lorsqu'elle termina sa phrase. Les lettres rouges "Walt Disney Presents" apparurent à l'écran. Vitani avait déjà vu ce nom quelque part dans sa propre télé, au début d'un film qui racontait l'histoire d'un pantin qui voulait devenir un vrai petit garçon. Elle ne se rappelait plus de la fin, car elle avait dû s'endormir pendant le visionnage. En espérant que celui-ci ne serait pas aussi somniférant. "Si tu le dis.. Mystérieux jusqu'au bout hein ?" Son excuse sur le fait d'avoir lancé la suite d'un autre film ne tenait pas vraiment la route.

En y repensant, il était vrai qu'à aucun moment de la soirée il ne lui avait dévoilé le titre du film qu'ils allaient regarder. Encore une bizarrerie à rajouter sur sa liste des choses suspectes dans le coin, d'autant plus qu'il avait l'air encore plus stressé qu'avant, déjà qu'il eut du mal à appuyer correctement sur la télécommande, voilà maintenant qu'elle sentit qu'il l'observa du coin de l’œil. Le film se lança pour de bon cette fois-ci alors qu'elle s'enfonça dans le canapé, écoutant sans dire un mot la musique plutôt entraînante qui retentit au début, montrant ce qui ressembla à une savane africaine. Si ça ce n'était pas ironique. Plus les images passaient et plus elle commença à avoir un doute, comme un sentiment de déjà-vu. Vitani attrapa son soda pour boire une gorgée, au même moment apparut sur l'écran le Rocher des Lions avec Simba et Nala. Les yeux grands ouverts elle se retint de tout recracher, et toussa plusieurs fois en s'étouffant avec sa boisson. "Désolé." Elle essaya de redevenir la plus naturelle possible pour qu'il la prenne pas pour une folle, mais elle n'en revenait pas. Elle était en train de voir toute la famille royale à la télévision, dont un bébé qui devait vraisemblablement être Kiara, puis le logo "Roi Lion 2" apparut à l'écran. Elle ne prenait même plus la peine de suivre le film, son esprit fut comme ailleurs, essayant de trouver une logique à ce délire. Elle tenta de se reprendre, se disant qu'elle devrait continuer à regarder un peu et voir où cela mènerait.

Elle n'avait pas remarqué que ses membres commencèrent à trembler. Elle ressentit énormément d'incompréhension, mais aussi de la peur au moment où Kiara fit sa rencontre avec Kovu, et que Zira vint s'interposer face à Simba. Comment c'était possible ? Son petit frère lui avait raconté ce moment de sa vie dans les moindres détails, et ce qu'elle regarda fut la scène exacte. Pendant la chanson "Nous sommes un", Vitani s'était carrément levé du canapé, ne faisant plus attention à Iago, ni au monde autour d'elle. Elle s'approcha de la télévision et regarda derrière, comme pour chercher une explication impossible, alors que la scène de la termitière se lança. Son attention revint sur le film pendant l’interaction entre Nuka et... elle-même ? Cette fois s'en était trop.. Elle pointa du doigt l'écran tout en regardant son hôte dans les yeux, lui donnant un regard mélangé entre la peur et la colère. "Ça ! Cette scène ! Je l'ai vécu, je m'en souviens parfaitement ! Comment c'est possible ?!" Elle serra du poing, prête à lui sauter dessus s'il ne venait pas à lui donner une explication logique.

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Toute vérité est-elle bonne à faire découvrir ?

Iago - Vitani

Iago aurait voulu être aussi détendu qu'il essayait de le faire croire. Parfois, il y arrivait. Comme durant ce moment où il avait apporté les boissons, échangés quelques modalités exagérées avec de faux accents d'aristos, qui se concluent par un rire à la fois partagés et sincères. Il fallait dire que l'ancien perroquet en faisait des tonnes en jouant à fond la carte de l'humour. De la même manière qu'en tirant plein de flèches, on arrivait forcément à en mettre au moins une en plein dans la cible, en enchaînant les blagues, il arriverait forcément, à force d'en faire trop pour noyer le poisson, à se détendre... C'est ce qu'il espérait. Avant que le but premier de cette soirée ne vienne se rappeler à son bon souvenir.

C'était peut-être un mal pour un bien, d'ailleurs. Parce que, s'il n'avait pas autre chose sur lequel concentrer ses pensées, Iago aurait pu commencer à se poser des questions. Comme par exemple, se demander à quand remontait la dernière fois où il avait ri aussi sincèrement. Pas un rire crispé de celui qui essayait de faire croire en son innocence. Pas le rire mauvais de celui qui avait fait une bonne blague ou assistait aux malheurs d'un autre. Juste un rire sincère. Et, s'il se risquait à se poser ce genre de questions, la réponse risquait d'être : jamais. Ce qui lui ferait sans doute se poser encore plus de questions et l'ancien sbire de Jafar n'était pas du genre à aimer l'introspection. Alors, oui, peut-être qu'être aussi nerveux au sujet d'un certain point de la soirée était une bonne chose.

Les ennuis, ça, au moins, il savait comment les gérer. Enfin... plus ou moins. Plus exactement, il savait donner l'impression de savoir les gérer et il savait se trouver des excuses lorsque ce n'était pas le cas. Son excuse préférée du moment était d'accuser cette nouvelle vie, de manière générale, mais, il pouvait l'accuser de manière plus détailler en mettant tout sur le compte de sa nouvelle apparence peu pratique pour fuir ou encore le fait que son ancien-lui dont il avait repris la vie était un abruti de première. Malheureusement, il ne pouvait pas extérioriser ces griefs à voix haute, car son invitée n'était pas encore dans le secret. Alors, pour l'instant, il se contenta de se justifier en jurant que c'était les ennuis qui venaient vers lui et non l'inverse. Bien sûr, avec une excuse aussi faiblarde, il ne fut pas étonné d'avoir raté sa tentative de convaincre son interlocutrice.

"Par malchance ou par persécution cosmique sur ma personne, voire carrément de l'acharnement divin. Je n'ai pas encore réussi tranché la question." Précisa-t-il, jouant encore et toujours la carte du sur-jeu. D'ailleurs, en le disant, il réalisait qu'il n'avait peut-être pas complètement tort avec sa supposition de la persécution cosmique... Avec ce monsieur Fate qui déclarait contrôler la destinée de tous... Iago se frotta un instant le menton, la mine songeuse. C'était à méditer ! Il n'avait pas eu l'impression d'être particulièrement poissard dans son ancienne vie. Il était tenté de revoir ses films et faire le compte de ses déboires. Un projet qui fit chasser de son esprit instantanément lorsque Vitani parla d'inviter le groupe de voyous à se joindre à la fête. L'animateur de radio se montra cynique face au rire de l'ancienne lionne. S'il aimait faire des farces, il n'aimait pas être la victime des traits d'humour des autres et ne tarda pas à renchérir avec une remarque piquante.

Une réplique qui marcha trop bien. Par pur réflexe, Iago se pencha en arrière tandis que Vitani s'approchait un peu de lui, histoire de conserver une certaine distance. On lui avait si souvent volé dans les plumes, qu'il avait appris à instinctivement se reculer lorsqu'on s'approchait par surprise de lui. C'était L'UNIQUE explication à son comportement. Comportement qu'il essaya de justifier en feintant de s'installer plus confortablement dans le canapé. "Pour une ambiance post-apocalyptique, tu veux dire ?" Commenta-t-il en se concentrant volontairement sur la dernière remarque de la demoiselle. "Je renouvelle le non-merci. Je n'ai pas envie que mon semblant de décoration vole en éclat ou que mes maigres possessions disparaissent mystérieusement." Déclara-t-il sur un ton catégorique, soutenant le regard de Vitani avec son éternel sourire narquois qui lui servait surtout à garder la face tandis qu'il se sentait lentement glisser dans le canapé à cause de sa posture penchée.

Iago se redressa vite tout en usant de sa ruse préférée : la blague de diversion. Il choisit l'excuse de tester les capacités du canapé, avant que son excuse bidon ne se retourne contre lui, un bref instant. Il plissa les yeux en lançant un regard incendiaire devant l'air satisfait de son invitée avant de se draper dans son orgueil blessé tout en déclarant être parfaitement capable de vivre seul. Ce qui était faux, un joli mensonge fait autant à lui-même que pour les autres. Un mensonge qui en entraînait immédiatement un autre concernant sa soi-disant capacité à s'en sortir seul face aux problèmes. Dans cette vie ou dans l'autre, il avait toujours compté sur l'appui de quelqu'un de plus puissant que lui. Pourquoi changer ? Surtout lorsqu'on était coincé dans un corps humain, incapable de voler hors de portée des retours de flammes. Mais, ça, Vitani n'était pas obligé de le savoir.

À nouveau, la déclaration suivante mis fin à ses spéculations mentales. L'animateur radio écarquilla les yeux dans une expression de surprise sincère. "M'apprendre deux ou trois trucs ?" Répéta-t-il, en fronçant légèrement les sourcils comme s'il essayait de déterminer si la proposition de Vitani était une blague dont la chute lui échappait ou s'il essayait de visualiser la scène. "Ah... Pourquoi pas. Sois douce avec moi." Ajouta-t-il mi-sérieux, mi-plaisantin, avec une phrase volontairement ambigu. Étrangement, lui qui avait été instinctivement si prompte à garder une distance, pouvait la franchir allègrement au nom de l'humour.

Il était vraiment plus que temps de lancer ce film, même s'il avait (toujours inconsciemment) reporter l'échéance le plus tard possible pour jouer les hôtes parfaits. Iago éclata d'un grand rire devant la déclaration de Vitani au sujet de chanter son amour dans une série musicale. "Il n'y aurait que trois cas de figure pour qu'un tel miracle se produise. Premièrement, ce serait un signe annonçant une apocalypse imminente. Deuxièmement, dans la situation où j'aurais été enlevé, que mon téléphone sonne et que mes kidnappeurs m'ordonneraient de répondre normalement... Là, j'utiliserais ça comme code secret pour t'indiquer que je suis en danger." Commença-t-il à décrire en comptant les hypothèses sur ses doigts. "Ou aloooooors, il faudrait me payer pour le faire et une sacré somme d'argent." Autant de paroles pour insister sur le fait que, la romance, ce n'était vraiment pas son truc.

Dans un sursaut d’honnêteté qui était aussi rarissime que son rire sincère, il avoua que le film sélectionné comportait quelques scènes de guimauves pures, mais, rien d'insurmontable ou qui n'était pas passable en accéléré. Pendant un très court instant, Iago stressa devant l'éventualité que son plan ne capote pas à cause de cet aveu. Il avait déjà commencé à se maudire mentalement pour cela lorsque Vitani lui assura qu'elle pouvait supporter deux ou trois scènes de ce calibre. Iago eut bien du mal à contenir son soupir de soulagement.

Il s'empressa d'allumer la télévision puis d'enclencher la lecture du dvd. Sa nervosité grimpa en flèche tandis qu'il essayait de jouer le mec décontracté. "Ouais, c'est tout moi ça... Mystérieux." Marmonna-t-il nerveusement entre ses dents après avoir brièvement signalé qu'il s'agissait de la suite d'un film culte.

Voilà, il ne pouvait plus reculer. Le film débutait et, du même coup, la partie planifiée de son plan s'achevait pour entrer sur le terrain dangereux de l'improvisation. Car la suite allait dépendre à deux cents pour cent de la réaction de Vitani. Iago essayait de se donner les airs nonchalants du quidam regardant tranquillement un dessin animé, tout en lançant des coups d'oeil un peu trop régulier en direction de sa voisine. Il se demandait à partir de quel moment, quelle scène, son invitée allait comprendre. Une toute petite partie de lui espérait que ce moment qu'il guettait n'arrive jamais et qu'il finirait le visionnage sans que rien ne se passe et en se traitant mentalement d'idiot d'avoir cru que sa sauveuse était une ancienne lionne. Après tout, c'était une théorie bizarre, non ? Il n'avait pas vraiment de preuve irréfutable en dehors du prénom de la demoiselle et sa propre expérience. Peut-être qu'il était fou. Qu'il s'était pris un mauvais coup sur la tête et inventé toute cette histoire de personnage disney.

Pendant ce temps, lui n'osait plus boire de gorgée de son soda ou encore manger la moindre chips. Il était entièrement consacré à l'attente de son fameux signe. Il eut rapidement confirmation d'avoir visé juste. C'est avec un soulagement qu'il essayait de cacher qu'il tapota doucement dans le dos de Vitani tandis que cette dernière manquait de s'étouffer avec sa boisson. Il venait d'avoir la confirmation qu'il n'était pas fou, que cette histoire de Disney et monsieur Fate n'était pas dans sa tête ou une farce. Ce qu'il ne cacha pas, par contre, ce fut une grimace compatissante. Lui aussi avait réagi à peu près pareil, lorsqu'il avait découvert qu'il y avait carrément toute une franchise à son nom (enfin, au nom d'Aladdin, en vérité, mais ce n'était qu'un détail).

Donc, il s'attendait à de la surprise venant de Vitani. Par contre, la suite... Les tremblements, ça, il n'avait pas vu le coup venir et il se sentit soudainement mal à l'aise. A croire qu'un sursaut de conscience venait le tirailler alors que le film se poursuivait. Iago voulut dire quelque chose, mais, au dernier moment, se ravisa et s'enfonça davantage dans le canapé. Son petit tiraillement de conscience grandissait alors que son invitée se leva pour s'approcher de la télévision. Sans ça, il aurait presque pu trouver comique de voir Vitani regarder derrière l'appareil pour essayer de trouver le 'truc'. L'ancien perroquet essayait d'étouffer au mieux ce sentiment de remords. Ce n'était pas sa faute si elle réagissait ainsi ! En fait, il lui rendait carrément service, non ? Alors, il n'y avait aucun regret à avoir... ou remord ou il ne savait trop quel autre sentiment à l'origine de son pincement au coeur !

Iago sursauta lorsque l'ancienne lionne se retourna vers lui en pointant l'écran du doigt. À nouveau, il regrettait de ne pas arriver à trouver la situation comique. La colère qu'il voyait mélanger à la peur lui avait fait passer toute envie de rire. Face à la réaction de Vitani, Iago obéit à un premier réflexe stupide : celui de nier tout en bloc en jouant les innocents. "Quooooiiiiii ? Comment ça ? Je veux dire, c'est un dessin animé... Et avec des animaux. Ce serait bizarre, non ?" Réagit-il sur un ton qui dégoulinait de mauvaise foi. Heureusement, son instinct de survie prit vite le relais. Il se leva d'un bond. "Ok, ok, oublie ce que je viens de dire. Je peux tout expliquer." Tout en parlant à toute allure, il recula derrière le canapé, comme pour s'assurer d'avoir un obstacle entre son invitée et lui. "Mais... Souviens-toi... On ne s'en prend pas au messager, d'accord ?" Il levait les mains, en signe de paix ou plutôt dans un geste semblable à celui qu'aurait un voleur pris sur le fait et qui s'évertuerait à montrer sa pleine coopération pour sa future arrestation. Il voulait vraiment obtenir cette garantie avant d'aller plus loin dans ses explications. En plus, attendre la réponse de Vitani lui permettait de grappiller encore quelques précieuses secondes pour réorganiser mentalement le futur discours qui allait suivre.

Are we really so different ?

À la base, cette soirée devait être tout ce qu'il y avait de plus normal. De la nourriture, une bonne ambiance, un bon film. Vitani fut au début très hésitante à accepter la proposition d'Iago quant à cette invitation à son appartement, mais finalement elle s'était laissé aveugler par quelque chose qu'elle ne pouvait pas expliquer. Le fait que pour une fois dans sa vie elle voulait se rapprocher de quelqu'un, et cesser de se la jouer fille solitaire, tout comme elle l'avait toujours fait auparavant ? Ce serait une idée stupide de penser à une chose pareille. Jamais Vitani n'avait pris le temps pour profiter de ces activités futiles, elle qui avait toujours plus important à faire, bien plus important. Venger son père, protéger la Terre des Lions, trouver un moyen de quitter cet endroit. Chaque étape de sa vie était toujours marquée par un objectif bien précis, qu'elle ne perdait jamais de vue, sans laisser quoi que ce soit interférer sur sa route. Pourtant, ce soir, rien que pour une fois depuis bien longtemps, tout ce qu'elle voulait c'était relâcher un peu du lest, pouvoir passer du bon temps au lieu d'être obligée d'encore suivre une ligne précise. Iago avait beau être un simple humain qui savait se montrer égocentrique, elle appréciait cette soirée en sa compagnie, du moins pour l'instant. Si elle n'était pas venu le rejoindre, elle aurait probablement continué à regarder de vieilles émissions à la télévision, seule. Bon il y avait bien Kopa, mais voir qu'elle ne pouvait même plus communiquer avec d'autres animaux ça ruinait un peu leurs conversations, et puis il savait seulement se faire remarquer quand il avait faim ou qu'il voulait jouer.

En comptant la semaine qu'ils venaient de passer ensemble, plus la soirée avançait et plus Vitani commença à cerner Iago, ou plutôt elle essayait. Rien qu'en regardant sa façon de se comporter et de s'exprimer, elle se douta qu'il pouvait avoir des qualités d'acteur. Elle sentit qu'il était le genre de personnage à toujours en faire des caisses sur lui-même sans jamais prendre le temps de s'arrêter, mais n'était-ce qu'une façade ? Un moyen pour lui de cacher ses vrais sentiments ? Si ce n'était que ça Vitani pouvait facilement compatir. Évidemment elle ne s'amusait pas à raconter à quel point elle était grandiose ou meilleure que les autres, surtout depuis qu'elle possédait le Rugissement, mais elle jouait la carte de l'humour souvent moqueur pour ne pas se montrer sous son vrai visage. Celle d'une lionne endurcit certes, mais aussi brisée par son passé. C'est seulement quand elle apprit qui était réellement Scar, son propre père, qu'elle avait compris qu'une bonne partie de sa vie fut gâchée. Depuis sa naissance elle fut déjà destinée à un avenir bien sombre, car ce n'était pas pour rien que ses parents la baptisèrent Vitani, signifiant tout bonnement la guerre. Dès le départ il était prévu qu'elle devienne une véritable lionne de guerre, et ce fut le cas pendant un temps, jusqu'à ce que Kovu et Kiara lui fassent un voir la vie d'un autre œil. Malgré son retour du bon côté de la barrière son caractère n'avait pas changé d'un poil, et l'ombre de Zira planait toujours au-dessus de sa tête. Voilà pourquoi elle faisait continuellement de l'humour, pour ne pas craquer sous la pression des souvenirs passés.

D'ailleurs en parlant d'humour, voilà une chose que Iago avait l'air de grandement apprécier, à un tel point qu'il fut en train de lui offrir un festival de blague. Plus la soirée passa et plus les soupçons de Vitani à l'encontre de son hôte devinrent crédibles. Pourquoi avait-il l'air de vouloir surjouer autant ? Elle voulait vraiment croire que c'était son vrai caractère, qu'il aimait juste bien rigoler, voir un peu trop, mais elle n'était pas née de la dernière pluie. Elle pouvait sûrement remercier Nuka de lui avoir appris à ne jamais faire confiance à ce genre de personne, car cela voulait souvent dire qu'il cachait quelque chose. Ne restait plus qu'à l'ancienne lionne de savoir ce que c'était. Vitani donna un sourire compatissant au jeune homme lorsqu'il lui raconta sa théorie sur la raison de sa malchance. De "l'acharnement divin", voilà une excuse qu'elle n'avait pas encore sortie pour expliquer ses propres problèmes personnels. Elle n'osa pas lui dire au cas où il risquerait de mal le prendre, mais d'après ce qu'elle avait entendu de la bande à qui elle l'avait tiré d'affaire, sa grande bouche serait la véritable raison de son malheur. Elle garda ça pour elle, il valait mieux lui donner un espoir de croire qu'il n'y était pour rien. En y réfléchissant de nouveau elle n'eut pas remarqué son hôte en pleine réflexion après sa dernière remarque, réflexion qu'elle brisa en s'approchant de lui, le sourire aux lèvres. Venait-elle juste de le déstabiliser ? Il ne devait pas être habitué à ce que quelqu'un se rapproche aussi près de lui. C'était plutôt mignon dans un sens... Attendez, venait-elle de penser au mot "mignon" ? Vitani s’écœura intérieurement pour ce moment d'égarement, peut-être n'avait-elle pas juste utilisé le bon mot. Elle se recula pour le laisser tranquillement s'installer dans le canapé. "C'est comme tu le souhaites, comme s'il y avait vraiment quelque chose à voler ici." Une nouvelle pique de lancé, décidément elle ne pouvait se contenir avec lui. "Tout ce que je dis c'est que peut-être tu serais bien plus dangereux que tu me le montrerais, après tout je ne te connais que depuis une semaine. Tu peux bien me cacher des choses." lui lâcha-t-elle sans le quitter des yeux, lui rendant son sourire narquois.

Cette phrase fut encore dite sur le ton de l'humour, mais une partie dans sa phrase fut réellement pensée, il cachait quelque chose. Vitani se força à ne pas rigoler quand Iago lui lança ce regard incendiaire, touché dans le mille dirait-elle. Peut-être avait-il raison en sortant qu'il pouvait vivre seul, mais ce n'était pas l'image qu'il lui donnait depuis qu'elle le connaissait. Quand elle était venu à sa rescousse il n'avait pas l'air de savoir s'en sortir seul, mais elle n'allait pas le contredire éternellement. Quand il accepta sa proposition de l'entraîner ce fut comme un poids relâché dans son ventre. Elle ne se préparait pas non plus à sauter de joie mais quelque chose en elle venait comme de s'illuminer. "Je serais douce quand il le faudra, et plus rude si tu dois me le forcer." Rajouta-t-elle en plaisantant pour rester dans l'ambigu. Elle pouvait penser ce qu'elle voulait de son hôte, mais il fallait dire qu'il savait comment la faire décoincer un peu. Rares ont été les lionnes capables de le faire, mais elle pouvait être sûre à cent pour cent qu'il s'en vanterait toute la soirée si elle venait à lui dévoiler ça. Elle ne comptait pas lui apprendre non les techniques de chasseuses qui seraient bien inutiles dans cet endroit, mais depuis qu'elle était là elle avait pris le temps de pouvoir regarder quelques sports de combat humain et réussir à s'entraîner dessus. Bon avec lui ça risquait de ne pas être facile, mais il y avait toujours de l'espoir. Elle éclata de rire avec Iago quand elle lui fit sa remarque pour qu'il chante son amour. "Le premier et troisième cas il y aurait peu de chances que ça arrive, par contre le deuxième..." plaisanta-t-elle en lui lançant de nouveau un regard malicieux. "Ne t'en fais pas, je ferai en sorte d'avoir compris le code la première fois. Peut-être" Elle espéra dans le fond que ça puisse arriver. Décidément cette soirée n'était pas aussi mauvaise qu'elle aurait pu le croire.

Du moins c'est ce qu'elle croyait il y a encore une vingtaine de minutes. Maintenant elle se retrouva debout, les poings serrés et donnant un regard de colère et d'incompréhension à Iago. Venait-elle vraiment de se voir ainsi que sa famille à la télévision ? Comment cela pouvait-être possible ? Pendant un instant elle se demanda même si elle n'était pas en train de rêver, mais tout ceci eut l'air bien réel. La première remarque du jeune homme sur sa question fit monter la colère en elle, et elle se rapprocha dangereusement de lui tandis qu'il se releva pour partir derrière le canapé. "Encore des blagues hein ? T'inquiète pas que tu vas très vite parler" C'est là qu'elle comprit qu'elle avait eu raison depuis son arrivée. Lui et son humour était devenu beaucoup trop suspect, et maintenant elle savait ce qu'il lui cachait réellement. Elle ne tenta pas de le poursuivre et resta planté de l'autre côté du canapé, essayant tout de même de se calmer au minimum. "Si tu ne me dis pas ce qui se passe, je vais faire bien plus que de te frapper.." lui annonça-t-elle alors qu'elle se rapprocha un peu du canapé, prête à lui bondir dessus. Cette fois-ci, son instinct de lionne fut en train de reprendre le dessus. Au même moment à la télévision se déroula la scène de la termitière, où Zira se mit à chanter "Mon chant d'espoir". Elle jeta un bref coup d’œil à l'écran, elle se rappela de ce jour comme si c'était hier. "Mère ?.."

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Toute vérité est-elle bonne à faire découvrir ?

Iago - Vitani

Il était beaucoup plus facile d'accuser le destin ou une divinité anonyme d'être à l'origine de ses malheurs que de remettre en question son comportement. D'ailleurs pourquoi verser dans l'introspection lorsqu'on connaissait l'existence de ce monsieur Fate qui pouvait servir de bouc émissaire parfait à sa poisse monumentale et sa propension à s'attirer des ennuis ? Malheureusement, tant que Vitani restait ignorante de ce détail, il ne pouvait pas lui exposer cette théorie. Un détail qui allait être réglé, pour le pire comme le meilleur, à la fin de cette soirée. Ce rappel à son projet lui tordait l'estomac avec des sentiments contradictoires, entre soulagements de ne plus avoir de secret et de l'angoisse concernant la réaction de son invitée face à cette vérité.

Dans cette situation, voir Vitani s'approcher soudainement de lui avait enclenché directement le bouton "panique" de son cerveau et il avait tout aussi vivement reculé. Pour sa défense, à chaque fois que quelqu'un s'était approché de lui ainsi, cela n'avait jamais été un bon signe pour ses plumes. S'il avait perdu son plumage dans cette nouvelle vie, les vieux réflexes avaient la vie dure, en plus, d'avoir assez d'imagination pour visualiser sans problème que même sous cette apparence, on pourrait facilement lui en faire voir de toutes les couleurs. D'ailleurs, en parlant de couleur... N'y avait-il un problème avec celle des yeux de sont invités ? Cela ne devrait pas être possible d'avoir des yeux aussi envou... Wow ! L'ancien perroquet se stoppa net dans sa pensée avant de songer à un mot qu'il pourrait immédiatement regretter. Avait-il failli penser le mot "envoûtant" ? Non, impossible. Ou alors c'était certainement ses neurones qui s'étaient grillé dans la panique.

Vitani recula et il étouffa un soupir de soulagement, tout comme il se réfugia de nouveau dans son éternel sens de l'humour afin de masquer son trouble. "Outch, touché !" Dit-il en mimant avec une grimace exagérée d'avoir été poignarder en plein coeur par la remarque de son interlocutrice concernant le peu de valeur de ses maigres possessions.

Il était persuadé de pouvoir s'en tirer en continuant d'appliquer cette méthode jusqu'à... Jusqu'à quand ? Idéalement, il espérait s'en sortir ainsi jusqu'à la fin de cette soirée, mais, honnêtement, tenir jusqu'au lancement du film, ça serait déjà assez bien. Malheureusement, l'ancienne lionne mettait périodiquement à mal cette ambition en lui lançant involontairement des rappels sur la situation. Comme elle venait encore de le faire en évoquant le fait qu'il pouvait cacher des choses. Iago émit un bref rire qui était beaucoup trop nerveux pour ne pas puer le truc louche à cent kilomètres. "C'est triste à dire, mais en une semaine, tu connais quasiment tout ce qu'il y a à savoir sur moi. Si tu veux verser une larme sur mon existence pathétique, ne t'en prive pas." Mentait-il en forçant de nouveau le trait pour que cela passe pour de l'humour, tout en se maudissant de perdre aussi facilement ses moyens.

La suite le remit sur les railles. Rien de tel que de se retrouver dans le rôle de l'arroseur arroser pour vous changer les idées. Le temps de lancer un regard incendiaire, Iago oublia temporairement dans quel traquenard il avait conduit son invitée et toute l'inquiétude qui en découlait. Au point que ce fut ensuite lui qui joua avec les limites avec une réplique volontairement ambigus après avoir accepté la proposition d'entraînement. La perche tendue était trop alléchante pour ne pas y céder. "Ouh, alors je ferais de mon mieux pour que tu n'ais pas à trop sortir tes griffes... Tigresse." Il avait failli dire "lionne" mais s'était rattrapé in extremis.

Un éclat de rire sincère chassa bien vite la crainte qu'aurait pu faire naître son rattrapage maladroit. Lui ? Chanter son amour comme ce vaurien et sa princesse le faisait à longueur de journée ? Aucune chance. La seule fois il avait poussé la chansonnette sur ce thème, c'était pour exprimer tout le mépris qu'il avait pour ce sentiment. Néanmoins, Iago était bien placé pour dire qu'il ne fallait jamais dire jamais. Par exemple, il aurait cru impossible de se retrouver un jour transformer en humain, tellement improbable que cette éventualité ne lui était jamais venu, ne serait-ce qu'une seule seconde, à l'esprit... Et pourtant, il était en plein dedans ! Aussi ne tarda-t-il pas à faire la liste des situations qui rendraient cette supposition surréaliste de chanson romantique probable.

Iago lança un regard et un sourire entendu face à la malice de la demoiselle lorsqu'elle évoqua la deuxième de ses théories farfelues. Bien sûr, il savait que ça serait celle-là qui retiendrait l'attention de l'ancienne lionne ! "D'accord, alors, comme mes hypothétiques ravisseurs risquent d'avoir la puce à l'oreille au bout de la troisième fois... Je vais faire monter les enchères. Si cette situation se produisait vraiment, et que tu comprends tout avant la fin du refrain et que tu me sauves la vie... En remerciement, je te rechante la chanson dans son intégralité, avec chorégraphie, costume et tout le toutim." Il tendit la main avec un être beaucoup trop solennel. "Deal ?" Heureusement qu'il n'y avait aucune chance pour que ce cas se produise un jour.

La soirée aurait pu continuer dans cette ambiance, mais, nooooooon, il avait fallu qu'il s'obstine dans son plan de grande révélation. Si au moment d'appuyer sur "play", Iago avait été traverser par le doute, maintenant que les dès étaient véritablement jetés, il avait la conviction qu'il s'agissait d'une mauvaise idée. Dommage que cette révélation lui soit arrivé trop tard !

Sa première tentative de réaction, motivé par la panique, fut un échec total. L'animateur radio tabla aussitôt sur un repli stratégique. Le canapé derrière lequel il s'était réfugié semblait être une protection horriblement fragile. Son beau discours qu'il avait mentalement préparé avait volé en éclat et, à présent, il ne faisait que mollement argumenter pour obtenir une espèce de pourparlers dans l'espoir d'être épargné par la fureur de l'ancienne lionne. S'ils ne se trouvaient pas dans son appartement, sans doute l'ancien perroquet se serait-il déjà lancer dans le sprint de sa vie en direction de la porte. Encore une erreur stratégique dans un plan pas si parfait que cela finalement. Décidément, c'était sa journée !

Iago déglutit péniblement sa salive tandis que Vitani lui fit la promesse de faire bien plus que de le frapper. Dire qu'il y a quelques minutes à peine, il aurait saisi immédiatement cette perche tendue pour en plaisanter. Ici, il n'avait plus du tout envie de rire ou de tourner en dérision les paroles de son invitée. "O...... Ok... C'est à la fois simple et compliqué à expliquer." D'une main, il chercha fébrilement son téléphone, se disant que montrer le message sauvegardé de ce monsieur Fate était la meilleure solution pour à la fois commencer les explications et tourner la colère de Vitani vers une autre cible.

L'appareil était à moitié sorti de sa poche lorsque la chanson de Zira retentit à travers la télévision. Iago s'immobilisa, dans expectative de la prochaine réaction de son invitée. Lorsque Vitani lança un regard à l'écran, cette horrible chose nommée remord revint de nouveau lui tirailler les entrailles. Pourtant d'ordinaire, l'empathie, ce n'était pas vraiment son truc.

"Écoute, je sais que ça peut paraître dingue mais..." Il marqua une pause. L'ancien perroquet grimaça en une expression d'excuse contrite. Il donnait l'impression de marcher sur des oeufs, et ce n'était pas uniquement par crainte de subir la fureur de la demoiselle. "Ici, toute ta vie... Toute ton ANCIENNE vie... N'est qu'un dessin animé pour les enfants." Non, franchement, il avait beau aligner les mots avec prudence, il ne semblait pas avoir de bonnes méthodes pour annoncer cette nouvelle. Pris au dépourvu par la réaction de son invité, il retourna dans ses vieux réflexes de jouer la victime. "Je le sais parce que, c'est exactement ce qui m'est arrivé aussi ! C'est vrai, en vérité je suis une victime tout autant que toi ! Un beau matin, je me suis réveillé dans ce quartier pourri, dans un corps qui ne ressemblait pas du tout au mien et... j'ai découvert que ma vie était ici une franchise à succès. Tu peux me croire, ça m'a fait un sacré choc." S'exclama-t-il, tel un coupable essayant de plaider sa cause auprès d'un juré qui serait particulièrement vindicatif à son encontre.

Il recula en direction de l'étagère de DVD, à la fois pour continuer de maintenir une distance de sécurité au cas où Vitani déciderait de lui sauter dessus, mais également pour sortir son plan de secours. "Si tu ne me crois pas sur parole, tu veux vérifier par toi-même ?" Il hésitait encore à griller son argument de la dernière chance en montrant le dessin animé dans lequel il figurait, mais, quelque chose lui disait que les circonstances l'exigeaient.

L'ancien perroquet ne réfléchit pas un seul instant aux excuses qu'il pourrait formuler pour sa manière plus que cavalière d'annoncer la vérité à la demoiselle. Les excuses chez Iago, c'était un peu comme l'empathie, ça ne passait pas en premier réflexe sur sa liste de réaction. Pour l'instant, il était surtout concentré sur l'idée de s'en sortir indemne. Ce qui n'était pas encore gagné !

Are we really so different ?

Assise confortablement dans le canapé de son hôte, Vitani esquissa un sourire montrant presque de la fierté lorsqu'elle sa nouvelle pique toucha Iago. Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas aussi détendu, et la bizarrerie de cette situation ne faisait qu'augmenter étant donné que c'était un parfait étranger qui en était la cause. Il y avait quelque chose chez ce Iago qu'elle ne pouvait pas expliquer. C'était un humain, mais pourtant il semblait y avoir plus de points communs entre les deux qu'elle ne voudrait le croire. Et dire qu'il y a de cela encore quelques années, elle trouvait que de s'ouvrir aux autres était comme un signe de faiblesse, du moins c'est ce que sa mère lui avait enseigné. Elle était née pour être une tueuse au cœur de pierre, ayant pour seule tâche de permettre à Kovu d'accéder au pouvoir, et rien d'autre n'avait d'importance. Les choses avaient bien changé dans son clan après son ralliement envers Simba, mais pour sa part elle n'était devenu qu'une coquille vide, sans aucun but. Heureusement, la Garde du Roi Lion lui avait donné une nouvelle raison de vivre, et ses coéquipières avaient brisé le mur de pierre qu'elle s'était forgé au fil des années. Pourtant, Iago avait réussi quelque chose de nouveau, mais ça elle ne pouvait pas l'expliquer. Elle préféra ne pas trop y penser, au risque de lui donner un énorme mal de tête.

Au fond d'elle, Vitani voudrait raconter tout ça à Iago, lui dire la vérité sur son origine et peut-être même trouver de l'aide en sa personne, mais elle savait que c'était impossible. Pour une fois qu'elle rencontra quelqu'un qu'elle ne faisait pas fuir, autant qu'il ne commence pas à la prendre pour une cinglée. D'un autre côté, elle ne pouvait pas encore avoir confiance en lui pour lui révéler quoi que ce soit, et ses craintes de cachoteries de sa part ne se calmèrent pas lorsque le jeune homme émit un petit rire nerveux quant à sa remarque. Il y avait au moins une chose sur laquelle elle se trompait, c'est qu'il n'avait rien de vraiment dangereux. Disons que c'était uniquement de la taquinerie une fois de plus, car au vu de ce qu'elle avait pu apprendre de lui, il n'était pas plus dangereux que Timon lorsqu'un autre animal lui volait des insectes, et encore. S'il venait à s'en prendre à elle, elle n'aurait sûrement aucun mal à le maîtriser. Ses doutes envers lui se renforcèrent dû à sa façon de lui répondre, pouvant clairement sentir qu'il n'était pas à l'aise sur sa réponse. Elle eut du mal à croire qu'une seule semaine lui avait permis de le cerner entièrement, car soit son hôte était vraiment quelqu'un de pathétique, soit il cachait très bien son jeu. Elle lui donna pour seule réponse à remarque un bref sourire en levant les yeux en l'air.

Elle ne pouvait d'ailleurs pas expliquer pourquoi un tel soulagement quand il accepta qu'elle l'entraîne au combat. De toute sa vie, Kovu fut l'unique personne à qui elle enseigna tout ce qu'elle avait appris de Zira, mais c'était uniquement à but de le préparer à affronter Simba. Cette fois-ci ce fut différent, elle venait de lui proposer car pour la première fois elle en avait envie. Un jeu d'ambiguïté s'installa entre ces deux-là pendant un court instant, brisant une partie du mur que Vitani s'imposait. "Quant à moi je ferai de mon mieux pour éviter de les sortir trop rapidement." Tigresse ? Il n'était pourtant pas très loin de la réalité sur ce coup-là. Cela ne faisait que très récemment que Vitani était devenu une humaine, mais elle avait pu déjà apprendre quelques techniques qu'une lionne ne pourrait pas accomplir. Au vu de la nature de son hôte, son entraînement risquerait de se montrer très intéressant. La bonne humeur se faisait ressentir dans la pièce, une chose assez inhabituelle pour l'ancienne lionne, mais elle aimait ça. Son plan contre des ravisseurs sonnait stupide, mais les conséquences pour qu'une telle chose se passe lui feraient presque regretter pour que ça ne lui arrive pas. Elle serra la main d'Iago afin de conclure l'accord, espérant au fond d'elle que ça mènerait quelque part. "Deal."

Malheureusement, la soirée qui avait pourtant bien commencé fut désormais prête à très mal se terminer. Vitani se trouva toujours de l'autre côté du canapé, la séparant d'Iago dont elle était prête à lui bondir dessus. Évidemment, elle était en colère de ce qu'elle venait de voir et d'avoir compris que son hôte lui avait menti depuis le début, mais le choc de voir sa propre vie dans cette télévision l'affecta énormément. Elle se retourna vers l'écran pour voir Zira chanter, sans même faire attention aux mouvements d'Iago avec son téléphone. Elle se souvint de ce jour, celui où le plan pour mettre Kovu au pouvoir venait de commencer, mais comment se pouvait-il que cela se déroule juste devant elle ? Et pourquoi cela ressemblait à un dessin animé ? Ses pensées furent interrompues par le jeune homme qui tenta de s'expliquer. "Mais qu'est-ce que tu es en train de me raconter ?!" Elle avait à peine compris ce qu'il venait de lui sortir, mais assez pour y croire moyennement. "Un dessin animé pour enfants ? Tu deviens encore plus fou que moi.. Je sais ce que j'ai vécu ! Ma vie n'est pas une simple histoire qu'on invente pour amuser des gamins, sinon je le saurai ! Mais.." Son regard se retourna de nouveau vers l'écran de télévision, la voyant en train de chanter aux côtés de son frère. Elle posa ses mains sur sa tête, comme s'il elle allait exploser, puis elle tiquât finalement sur la dernière phrase d'Iago. "J'étais dans ma grotte.. sur la Terre des Lions.. et puis je me suis réveillé dans cet hôpital, mais c'est impossible.." Elle tenta de se calmer un peu, afin de reprendre ses esprits pour mieux réfléchir. Elle se rapprocha du jeune homme, essayant de se retenir de pas le frapper pour l'instant. "Qu'est-ce que tu veux dire ?"

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